L’emplacement géographique des 12 fortifications de Vauban
Les 12 sites sont inscrits depuis 2008 mais l’aventure a commencé en 2005 à l’initiative de la ville de Besançon qui en porte la candidature. Les 12 fortifications de Vauban couvrent ainsi 8 régions de France :
- La citadelle d’Arras (Pas-de-Calais)
- La citadelle, l’enceinte urbaine et le fort Griffon à Besançon (Doubs)
- La citadelle de Blaye, l'enceinte urbaine, le fort Paté et le fort Médoc à Blaye-Cussac-Fort-Médoc (Gironde)
- L’enceinte urbaine, la redoute des Salettes, le fort des Trois-Têtes, le fort du Randouillet, l’ouvrage de la communication Y et le pont d’Asfeld à Briançon (Hautes-Alpes)
- La tour dorée à Camaret-sur-Mer (Finistère)
- La ville neuve de Longwy (Meurthe-et-Moselle)
- La place forte de Mont-Dauphin (Hautes-Alpes)
- La citadelle et l’enceinte de Mont-Louis (Pyrénées-Orientales)
- La ville neuve de Neuf-Brisach (Haut-Rhin)
- La citadelle et l’enceinte de Saint-Martin-de-Ré (Charente-Maritime)
- Les tours observatoires de Saint-Vaast-la-Hougue/Île Tatihou (Manche)
- Le fort Libéria, l’enceinte et la grotte dite « Cova Bastera » à Villefranche-de-Conflent (Pyrénées-Orientales)
Pourquoi seulement 12 fortifications de Vauban inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco ?
Ces 12 fortifications de Vauban classées par l’Unesco ne sont qu’une minuscule partie de son œuvre totale. Vauban a construit et aménagé plus de 150 citadelles à travers toute la France. La particularité des 12 sites choisis est qu’ils représentent un panaché de la totalité de son œuvre française :
- par l’évolution des différents systèmes de conceptions défensives (premier, deuxième et troisième système)
- par une représentation géographique complète grâce à des sites présents en bord de mer, en montagne et en plaine
- par les différents types d’ouvrages : citadelle, enceinte, ville neuve, fortification, fort, tour…
- par la présence d’ouvrages architecturaux créés ex-nihilo ou bien par des remaniements de constructions existantes
Ces 12 fortifications de Vauban ont également été sélectionnées pour leur authenticité et leur état de conservation. Elles ont toutes été réalisées du vivant de l’architecte ou bien selon ses projets. De plus elles n’ont connu aucune évolution majeure dans leur élévation architecturale.
Les 12 fortifications de Vauban constituent ainsi l’un des plus beaux exemples d’architecture militaire. Elles témoignent de l’évolution et de l’influence de l’architecture militaire du XVIIe siècle jusqu’au XIXe siècle.
Vauban, un génie bâtisseur du Grand Siècle
Vauban est son nom d’usage, celui par lequel il est connu de tous. Son vrai nom est Sébastien Le Prestre, marquis de Vauban. Il est né en 1633 dans le Morvan et il est mort en 1707 à Paris. Modèle de précocité, il devient à l’âge de 22 ans, en 1655, l’ingénieur militaire responsable des fortifications.
Vauban a porté plusieurs casquettes tout au long de sa vie : ingénieur, architecte militaire, urbaniste, hydraulicien, stratège, poliorcète, statisticien, économiste, agronome, soldat, penseur politique et essayiste. C’est l’architecte que l’on connaît le plus et qui a laissé le plus de traces visibles dans le patrimoine français.
Vauban peut vraiment être comparé à Léonard de Vinci : il a une vision scientifique et pratique de la réalité et c’est un touche-à-tout qui maîtrise de nombreux domaines très différents. C’est un infatigable travailleur qui cherche à constamment améliorer le vie des hommes qui l’entourent (soldats ou paysans). L’un de ses mémoires (Cochonnerie) dresse sur 17 pages la meilleure manière pour un paysan de gérer son budget avec un élevage de cochons.
Sa plume évoluée et érudite lui vaut d’être considéré comme un précurseur des philosophes des Lumières, des physiocrates et des Encyclopédistes.
Vauban, un penseur curieux et audacieux
Sa principale mission au long de sa carrière a été de ceinturer (littéralement) la France de citadelles et de fortifications pour lutter contre les envahisseurs terrestres et marins. C’est ainsi que Vauban se retrouve à concevoir et/ou améliorer des centaines de places fortes dans toutes les régions de France. Constructeur infatigable, il a ainsi contribué à faire de la France une forteresse inviolée sous le règne de Louis XIV.
Au crépuscule de sa vie, Vauban a rédigé un essai (Le Projet de Dîme royale) interdit de distribution. Nous sommes en 1707 et la distribution se fait alors discrètement. Il proposait un (trop) audacieux programme de réforme fiscale pour résoudre les injustices sociales et les difficultés économiques qui entachaient alors la fin de règne du Roi Soleil.
En homme franc et lucide de son époque, il ne collait pas avec la mode du paraître qui se pratiquait à la cour de Louis XIV. C’est un penseur et un réformateur bouillonnant d’idées qu’il n’hésite pas à transmettre directement au Roi. Ce dernier lui fait une totale confiance dans les arts de la guerre et notamment dans la conduite des sièges. Ses talents d’ingénieur et de géographe font des merveilles partout où il passe.
Il parvient à façonner le territoire avec sa « ceinture de fer », verrouillant la France à l’intérieur de ses frontières naturelles.
La conception architecturale en étoile, une spécialité Vauban
Vauban a été sollicité toute sa carrière pour perfectionner, aménager ou construire des forteresses imprenables aux quatre coins de France. Il était aussi régulièrement sollicité pour ses nombreux écrits d’architecture et de stratégie militaires. On attribue à Vauban trois systèmes de fortifications différentes qui ont évolué dans le temps grâce à ses propres modifications :
Le Premier système emprunte des modèles aux architectes français et italiens de son époque.
Le Deuxième système se repose sur la poliorcétique (l’art d’assiéger les villes) qu’il a développé lors du Premier système. Il remarque que la prise d’un bastion entraîne rapidement la tombée de la ville adjacente. Il sépare donc les deux et offre ainsi à la ville une deuxième ceinture de protection.
Le Troisième système est l’aboutissement de ses années d’expérience militaire sur le terrain. C’est son projet d’urbanisme le plus abouti car le plus complet. Il est représenté par la place forte de Neuf-Brisach en Alsace construite entre 1699 et 1703.
La figure la plus répandue est celle du pentagone, cinq saillants, appelés bastions, étant reliés par des courtines dans lesquelles sont percées portes et poternes.
Luc Mary - Vauban, le maître des forteresses.
Vauban dresse en 1705 une sorte de bilan de son œuvre bâtie. Cette liste compte pas moins de 119 places ou villes fortifiées, 34 citadelles, 58 forts ou châteaux, 57 réduits et 29 redoutes. L’architecte n’a jamais lésiné sur les moyens tout au long de ses réalisations, arguant que réaliser des économies sur le plan militaire pouvait se révéler désastreux au final.
Son génie architectural consista à s’adapter à l’environnement de chaque place forte pour la rendre imprenable. Grâce à ses réalisations nombreuses et uniques, Vauban a naturellement donné son nom à un type d’architecture militaire qui sera repris plus tard dans le monde entier : « le système Vauban ».
Les 12 fortifications de Vauban décrites par l’Unesco
« L’œuvre de Vauban comprend 12 groupes de bâtiments fortifiés et de constructions le long des frontières nord, est et ouest de la France. Ils constituent les meilleurs exemples du travail de Sébastien Le Prestre de Vauban (1633-1707), l’architecte militaire de Louis XIV.
Cette série comprend des villes neuves créées ex-nihilo, des citadelles, des enceintes urbaines à bastions et des tours bastionnées. Y figurent aussi des forts de montagne, des forts de côte, une batterie de montagne et deux structures de communication en montagne.
Ces sites sont inscrits en tant que témoins de l’apogée de la fortification bastionnée classique, typique de l’architecture militaire occidentale. Vauban a joué un rôle majeur dans l’histoire des fortifications en influençant l’architecture militaire en Europe, mais aussi sur les autres continents jusqu'au milieu du XIXe siècle.
L’œuvre de Vauban constitue une contribution majeure à l’architecture militaire universelle. Elle cristallise les théories stratégiques antérieures en un système de fortifications rationnel basé sur un rapport concret au territoire. Elle témoigne de l’évolution de la fortification européenne au XVIIe siècle et a produit des modèles employés dans le monde entier jusqu’au milieu du XIXe siècle, en illustrant une période significative de l’histoire. »
Les critères I, II et IV sont retenus par l’Unesco pour cette inscription
« Les réalisations de Vauban témoignent de l’apogée de la fortification bastionnée classique, typique de l’architecture militaire occidentale des temps modernes.
La Part de Vauban dans l’histoire de la fortification est majeure. L’imitation de ses modèles-types de bâtiments militaires en Europe et sur le continent américain, la diffusion en russe et en turc de sa pensée théorique comme l’utilisation des formes de sa fortification en tant que modèle pour des forteresses d’Extrême-Orient, témoignent de l’universalité de son œuvre.
L’œuvre de Vauban illustre une période significative de l’histoire humaine. Elle constitue une œuvre de l’esprit qui s’est appliquée à la stratégie militaire, à l’architecture et à la construction, au génie civil et à l’organisation économique et sociale. »
L’inscription par l’Unesco en 2008 de 12 fortifications de Vauban parmi les plus emblématiques vient protéger ce patrimoine architectural remarquable. Nous passons ainsi d’un patrimoine militaire pour cette inscription de 2008, à un patrimoine thermal pour l’inscription de Vichy en 2021. Découvrez également les sites français d’outre-mer classés à l’Unesco. La variété des inscriptions à l’Unesco venant refléter la variété du patrimoine architectural français.
→ Pour en apprendre davantage sur les 12 fortifications de Vauban classés par l’Unesco
Crédits photos : site-vauban.org et Wikipédia (domaine public)