L’inscription en 2023 d’un site martiniquais sur la précieuse liste de l’Unesco vient mettre encore un peu plus en valeur notre patrimoine français d’outre-mer. Je vous propose de découvrir les 5 sites français d'outre-mer inscrits à l'Unesco. Situés en dehors de la France métropolitaine, ils vous assurent un dépaysement total, surtout avec le dernier !
Les volcans et les forêts de la montagne Pelée et des pitons du nord de la Martinique
Ce site naturel français d’outre-mer est le plus récent parmi les 5 puisque son inscription date de cette année. Il comprend 2 sites : les massifs de la Montagne Pelée et du Mont Conil ainsi que les massifs des Pitons du Carbet et du Morne Jacob.
L’ensemble forestier s’étend sur plusieurs milliers d’hectares et il s’étire sur une altitude comprise entre le niveau de la mer et 1400m d’altitude. Il abrite une flore et une faune uniques dans le monde, ce qui lui vaut d’être considéré comme un point chaud pour la biodiversité. Il avait d’ailleurs acquis une renommée nationale en 2019 avec son inscription au label Forêt d’Exception©.
La Martinique possédait déjà deux sites reconnus mondialement par l’Unesco :
- La yole ronde de Martinique, inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco depuis 2020.
- L’ensemble du territoire terrestre et marin de la Martinique, reconnu comme Réserve mondiale de Biosphère depuis 2021.
Le classement de ce bien naturel vient donc tout naturellement densifier la protection de ces sites remarquables en terme de biodiversité. Ce site naturel de Martinique vient d’être inscrit en 2023 après sa proposition à la liste seulement l’an dernier.
Les lagons de Nouvelle-Calédonie : diversité récifale et écosystèmes associés
Il s’agit du premier site français d’outre-mer a avoir été inscrit au patrimoine mondial par l’Unesco en 2008.
Ce site naturel comprend 6 zones classées :
- Les récifs d’Entrecasteaux
- Le Grand Lagon Nord
- La zone côtière nord et est
- L’atoll d’Ouvéa et l’île Beautemps-Beaupré
- La zone côtière ouest
- Le Grand Lagon Sud
De nombreuses portions de zones restent inhabitées puisque la plupart sont des récifs à fleur d’eau qui abritent surtout de larges populations d’oiseaux marins. La préservation de cet écosystème tient surtout à son intérêt écorégional en termes de conservation du site lagonnaire, de sa faune, et de sa flore.
Un site naturel d’outre-mer avec des chiffres records
Quelques chiffres pour mieux cerner l’importance de la conservation de ce site unique au monde :
- + de 15,000 km² protégés par l’Unesco
- 24,000 km² de lagon au total
- 6 sites couverts
- 2008, l’inscription du site à l’Unesco
- 1600 km, la longueur de la barrière de corail
Il s’agit du plus long ensemble corallien ininterrompu au monde. En superficie, il se place par contre derrière la Grande Barrière de corail près de l’Australie.
Les pitons, cirques et remparts de l’île de la Réunion
Ce bien naturel est inscrit depuis 2010 au patrimoine mondial de l’Unesco. La superficie couverte par l’inscription concerne plus de 40 % de l’île de la Réunion ! La zone couvre principalement le cœur du parc national de la Réunion, ainsi que La Grande Chaloupe, le piton d’Anchaing, la forêt de Mare Longue et la chapelle du Cilaos.
Un site français d’outre-mer inscrit à l'Unesco géologiquement unique
Les deux pitons concernés par l’inscription sont très différents l’un de l’autre. Ce qui fait leur rareté c’est qu’il soit présents tous les deux sur une même terre aux dimensions plutôt sommaire (un peu plus de 1000km2).
- Le piton des Neiges est à l’origine de la création des 3 cirques réunionnais. Il est en sommeil depuis 12,000 ans. Malgré son nom, il ne porte pas de neiges éternelles et voit peu souvent des chutes de neige à son sommet.
- Le piton de la Fournaise, lui, est régulièrement en activité. C’est même l’un de plus actifs de la planète (environ une fois par an). Il culmine à 2632 mètres d’altitude mais sa cheminée volcanique fait plus de 6000m de hauteur !
Les 3 cirques inscrits possédent tous un relief particulier qui a conduit à leur protection par l’Unesco. Ils ont tous été créés par le piton des Neiges et dévoilent leurs crêtes et leurs plateaux tout autour du volcan de 3070 mètres d’altitude. Il s’agit des cirques de Mafate, de Salazie et de Cilaos.
Les remparts réunionnais font partie du classement de l’Unesco. Ils désignent des parois de roches quasiment verticales. Elles sont typiques des paysages réunionnais et marquent souvent une limite de caldeira. Voici quelqu’uns des remparts réunionnais désormais classés : le rempart des Sables, le rempart du Tremblet, le rempart de Bellcombe, le rempart du Bois-Blanc…
La flore endémique de ce site naturel d'exception
Une pandanaie a également été intégrée au classement : la pandanaie des Hauts de l’Est sur la commune de la Plaine-des-Palmistes. Il s’agit d’une zone humide de l’île de la Réunion qui abrite une flore endémique : le vacoa des Hauts aussi appelé Pandanus montanus.
Enfin, la forêt semi-sèche de la Grande Chaloupe fait également partie du classement car elle est composée de nombreuses espèces endémiques. Ces dernières tentent de survivre dans des espaces de végétation devenus beaucoup trop sporadiques pour leur développement. C’est une partie de la biodiversité mondiale qui pourrait disparaître.
Le Marae de Taputapuātea
Le marae de Taputapuātea est situé sur l’île de Raiatea. C’est le plus vaste de toute la Polynésie. Son classement à l’Unesco remonte à 2017 après avoir été inscrit sur la liste indicative depuis 2010 (les sites sont d’abord présentés sur cette liste préparatoire avant leur inscription définitive parfois plusieurs années plus tard).
Un marae est un lieu sacré dans lequel les cultures polynésiennes effectuaient leurs activités sociales, religieuses ou politiques. Il désigne un espace désert, dégagé, sur lequel officiaient les chefs politiques ou religieux. C’est en quelque sorte l’équivalent de notre place centrale de village en France métropolitaine : un endroit dégagé où les gens se rassemblent soit pour commercer, soit pour discuter.
Un site français d’outre-mer qui préserve ses traditions avec authenticité
Le marae polynésien ressemble souvent à une surface rectangulaire dallée en pierre ou en corail avec un périmètre bordé de pierres ou de bois. Des constructions en bois agrémentent parfois les pourtours. Celui de Taputapuātea vise l’authenticité avec une mise en scène réduite au stricte minimum pour ne pas dénaturer le site.
Ce bien culturel, situé dans le Triangle Polynésien,existe depuis plus de 1000 ans. Le lieu s’est trouvé dégradé plusieurs fois au cours de son histoire par les colonisateurs puis par l’action des éléments (en 2017). Une restauration du site fût donc démarrée en 1994. Elle s’est poursuivie jusqu’à aujourd’hui en parallèle de fouilles archéologiques. Le site polynésien est désormais en mesure d’accueillir les 8000 touristes annuels (trois fois plus nombreux qu’avant le classement par l’Unesco).
La réserve naturelle des Terres australes françaises
Ce site naturel a été inscrit en 2019 au patrimoine mondial de l’Unesco. C’est peut-être l’un des sites naturels français les moins connus de par son éloignement géographique. Cette réserve accueille des écosystèmes et des communautés d’oiseaux et de mammifères marins protégés par l’isolement de ces îles. La faune et la flore disposent ainsi de refuges uniques et précieux pour leur développement.
Cette réserve naturelle régionale regroupe les territoires terrestres et maritimes des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF). Pour la partie terrestre, voici les groupes d’îles concernées :
- L’archipel des Crozet
- L’archipel des Kerguelen
- Les îles Saint Paul et Amsterdam
Cela représente environ 300 îles, répartie sur un territoire vaste et inhabité. Seules des communautés de scientifiques viennent y poser leurs valises le temps de réaliser des études.
Un site français d’outre-mer inscrit à l'Unesco aux proportions inégalées
Ce sont plus de 7,600 km² de terres et plus de 660,000 km² de mer qui sont désormais classés par l’Unesco. C’est la plus grande réserve naturelle de France de par sa superficie. Un projet datant de 2021 prévoit l’extension de ce périmètre de protection à 1,662,000 km² à l’avenir.
Un plan de gestion décennal (de 2018 à 2027) pose les différents buts de ce classement par l’Unesco. Notamment autour de 7 enjeux majeurs de conservation :
- le caractère sauvage des TAAF
- le bon état de préservation des écosystèmes terrestres austraux
- la caractérisation et la préservation des écosystèmes marins austraux riches et diversifiés
- le développement des connaissances sur les oiseaux et mammifères marins en vue de préserver les - populations d'oiseaux les plus menacées
- le développement de l’acquisition de connaissances sur les ressources marines exploitées
- le renforcement des connaissances scientifiques sur un territoire sentinelle
- laboratoire du vivant et observatoire de la biodiversité et des changements globaux
- la préservation du patrimoine historique et culturel
Pour aller plus loin et comprendre l'importance de la préservation de cet ecosystème particulier des TAAF.